Histoire

D'après une étude réalisée par Annetta Chitzanidou dans le cadre du Fistiki Fest, pour l'exposition "La route de la Pistache", réalisée en collaboration avec HP Coulon, Stratos Pantavos, Eleni et Nikos Alifantis. Traduction: HP Coulon

Origine du pistachier

badkhyzJusqu’à la fin du 19 ème siècle, on ne connaissait pas précisément la région d’origine du pistachier. Les botanistes européens qui visitèrent à ce moment là le moyen orient et qui virent les vastes étendues de pistachiers, décidèrent que sa patrie se trouvait entre la Syrie , la Turquie et la mésopotamie.
En 1929-1930 des botanistes russes qui voyageaient en Asie centrale découvrirent sur de vastes étendues des pistachiers à l’état sauvage. Dans une sorte de steppe arborée, ils se développent sur un sol très pauvre.
La région où l’on trouve des pistachiers à l’état sauvage s’étend sur le nord de l’Iran, le nord de l’Afghanistan, le sud du Turkménistan,l’Est de l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et jusqu’au Kyrkistan. On peut donc en déduire que l’ancêtre de nos pistachiers est originaire de l’Asie centrale.  

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Le pistachier dans l’ancien testament

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Jacob et ses fils

D’après des chercheurs siciliens le pistachier aurait été cultivé en Palestine à l’époque de Jacob. Cette théorie s’appuie sur le chapitre 43 de la Genèse qui rapporte une longue famine qui dura 7 ans dans le pays. Or il y avait du blé en Egypte qui avait été stocké en grande quantité en prévision des périodes de pénurie. Jacob dit alors à ses fils de se rendre en Egypte et de ramener à Canaan de la nourriture. Il leur recommanda aussi d’emporter avec eux quelques échantillons des meilleurs produits du pays pour les offrir à Joseph. Un peu de baume, du miel, de la myrhe, des parfums, des noix et des pistaches (« botnim »).

Première description du pistachier en Grec

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Théophraste

Le premier à décrire le pistachier en Grec est Theophraste d’Eressos (371-287 AV.JC.). Dans son ouvrage « Histoire des plantes » Il décrit comme ceci le pistachier: « On dit aussi qu’il croît un térébinthe aux indes, qui est un arbre ressemblant à notre térébinthe aux feuilles, aux branches, et en tout autre chose, à part le fruit qui est semblable aux amandes. Car ce térébinthe croît aussi dans la région des bactriens, et porte des fruits de la grosseur des amandes, de pareille figure, mais de meilleur goût, et pour cette cause , les habitants de ce pays là en mangent plus volontiers que des amandes » .
D’après ce que l’on sait Théophraste n’a jamais été en Asie. Il reprend donc la description qu’en ont faite les historiens qui accompagnèrent Alexandre le grand dans sa camapgne en Asie.

Le nom Pistakia (pistache)

21735.Anacardiaceae - Pistacia vera

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Théophraste ne nomme pas le pistachier dans sa description de l’arbre. Il dit que les arbres d’Asie qui n’ont pas leur équivalent en Grèce n’ont pas de nom. La première citation du mot pistakia vient du poète Nicandre de Colophon (2ème siècle AV JC.). Nicandre dit aussi qu’on trouve les pistaches en Inde et qu’elles ressemblent aux amandes elles ont en plus la vertu de protéger des piqûres de scorpions.Le mot « Pistakia » vient de l’ancien perse « pista » qui veut dire pistache ou pistachier. C’est ce mot pista qui est la racine que l’on retrouve dans presque toutes les langues: pistache, pistachio (anglais), pistashka (russe), fustuk (arabe).

Introduction de la pistache en méditerranée

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Dioscoride

Au premier siècle Après JC, Pedanius Dioscoride rapporte que les pistaches sont produites en Syrie et qu’elles ont des vertus médicinales. Dioscoride était médecin et pharmacologue. Il fut très influent durant toute l’antiquité et son traité « De materia medica » fut utilisé jusqu’à la fin du Moyen Âge.
Au premier siècle Pline l’ancien écrit que le pistachier a été apporté de Syrie en Italie par Vittelius à la fin du regne de l’empereur Tibère (env. 30 Après JC). Il fut importé à la même époque en Espagne, par Flaccus Pompeius
Au 2ème siècle (131-200), le célèbre médecin grec Claude Galien mentionne que les pistaches que l’on trouve en Grande Alexandrie et plus précisement à Véria en Syrie sont recommandées pour la bonne santé du foie.
Au 2ème siècle toujours, Athénée, qui a vécu la plus grande part de sa vie à Alexandrie, écrit dans son ouvrage « Les dipnosophistes » que les pistaches offertes à la table des sages sont produites en Syrie et en Arabie, et qu’elles sont extrêmement agréable au goût.
Autour de 900 après JC les Arabes conquiérent la Sicile aux détriment de l’empire de Byzance et y introduisent la culture de la pistache.
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La culture s’y répend sur les pentes de l’Etna. Le sol volcanique et les conditions climatiques offrant des conditions idéales pour son développement.
Marco Polo (1254-1324), rapporte de son périple en Chine que les pistaches sont employées dans de nombreuses recettes. Que ce soit dans des plats ou des gateaux.

Premiers pistachiers en Grèce

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On trouve les premières citations à partir du 19e siècle.
En 1838, le naturaliste français Bory de Saint-Vincent écrit qu’il a vu des pistachiers à Fygalia et à Pylos dans le Péloponnèse. D’autres sont mentionnés en 1856 à Zakynthos. Il s’agit cependant d’ arbres isolés.
En 1860, le chocolatier D. Pavlidis crée un premier verger sur sa propriété de Psihiko. En 1869 Orphanides les multiplie sur les terres de la pépinière nationale. Gennadios, qui lui succéde en 1882, poursuivra son travail.
Aujourd’hui on trouve des plantations dans pratiquement tout le pays.

Egine

(résumé de la version grecque )
Nous ne connaissons pas quand les premiers pistachiers apparurent sur l’île.
Le botaniste allemand Theodor von Heldreich qui visita Egine à six reprises au 19ème siècle, ne le mentionne pas dans son ouvrage « La flore d’Egine ». Cela n’exclut pas que des arbres isolés aient échappés à son attention. Certains disent que le premier pistachier a été introduit depuis l’Iran en 1867 et quelques documents comme acte de ventes ou procès de la fin du siècle attestent son existence .
Nicolas Peroglou fut le premier en 1896 à organiser un verger de pistachiers.
Il s’attacha aussi à en répandre la culture et publia en 1916 un petit livre intitulé «Le pistachier» qui décrit tous les travaux agricoles. Les premiers à l’imiter furent de riches Athéniens possédant des terres sur l’île. Puis quelques Eginiotes osèrent abandonner leur cultures traditionnelles pour planter des arbres.
Progressivement la culture s’étendit et pour répondre à la demande croissante de jeunes plans, Georges Fortunas puis Nikos Chaïmandas installent de grandes pépinières, et contribuent ainsi à la diffusion du pistachier sur l’île ainsi que dans tout le pays.
Dans les années 50-60, les paysans arrachent leurs pieds de vigne décimés par le phylloxéra et en remplacent une grande partie par des pistachiers.
En 1975, une branche spéciale de la coopérative agricole est créée pour les pistachiers
L’expansion continue jusqu’en 1990 et on peut estimer qu’en 2000 on en comptait 500 hectares
Que ce soit autour de leur maison ou sur des terrains de tailles variées les nouveaux planteurs ne sont pas tous des agriculteurs , mais tous contribueront à diffuser sa bonne réputation et son excellente qualité.
En 1994 la «pistache d’Egine» obtient le label européen AOP (appellation d’origine protégée) et en 2009 est créé le festival de la pistache – fistikifest – qui a lieu chaque année autour du 20 septembre.